« Les civils dans la Grande Guerre », l’Histoire vue par les habitants du Pays de Falaise

 

Plus qu’archéologue, conservateur régional de l’archéologie de Basse-Normandie et inspecteur général de l’archéologie au ministère de la Culture, François FICHET DE CLAIRFONTAINE est un passionné de l’Histoire et de la vie en marge des grands événements qui la jalonnent. À l’occasion de la sortie de son livre « Les civils dans la Grande Guerre – La vie à l’arrière-front 1914-1918 », nous avons pu lui poser quelques questions.

Pourquoi avoir choisi le thème de la vie quotidienne ?

À la base, je suis historien et par cela, je suis curieux, j’essaye de comprendre les ressorts de l’Histoire. En même temps je suis archéologue, c’est-à-dire que j’aborde surtout une forme de quotidien. Je ne suis pas un historien des conflits contemporains, de la stratégie ou des mouvements des troupes, ce qui m’intéresse avant tout c’est cet « à côté », la vie quotidienne du soldat et du civil.

Comment s’est créé ce projet ?

Dans ce projet, je suis parti d’un constat. Souvent les vestiges de la première ou deuxième Guerre Mondiale mis à jour étaient peu considérés parce que les sources écrites, les photographies, les témoins vivants, la mémoire, semblaient avoir plus de valeur que ces bouts de casserole, que ces fragments d’obus… Or ces vestiges ne sont-ils pas une autre manière de rentrer sur le champ de bataille ?

En 2013, avec Jean-Yves DEFENOUILLÈRE, Adjoint chargé de la Culture, des Sports, des Loisirs et de la Communication à Potigny, nous avons pris le parti de créer une exposition qui s’étale sur les 5 années de la Première Guerre Mondiale. C’est une des rares à avoir le label « Centenaire » en dehors des communes qui sont sur les lignes de front. Elle a déjà eu lieu les années précédentes à la médiathèque de Potigny et cet automne, « Les civils dans la Grande Guerre – La vie à l’arrière-front 1914-1918 » sortira en même temps que le dernier volet de l’exposition.

Comment abordez-vous ce sujet ?

On a décidé de raconter, non pas la guerre, mais la vie des civils sous deux aspects : ce qu’ils peuvent comprendre de la réalité des combats et leur quotidien, comment ils vivent la guerre en étant à 500 km de celle-ci. Le livre se déroule de manière chronologique mais ne s’attarde ni sur le front, ni sur les batailles. Il se place du point de vue des civils et n’utilise aucun document qu’ils ne pouvaient pas connaître (à une exception près). Il faut vraiment oublier qu’on est en 2018, oublier ce que l’on sait maintenant de la Première Guerre Mondiale pour se mettre dans la peau d’un habitant du Pays de Falaise à cette période.

Nous avons mis la focale sur Potigny et les communes environnantes parce qu’on possède une riche et étonnante bibliographie. Ici, deux mondes se côtoient mais sont bien séparés. Une grande partie du bourg actuel était une garnison, un lieu fermé qui avait sa propre vie, et de l’autre côté, il y avait le bourg des civils. Les seuls endroits où ces deux populations se sont rencontrées sont : là où on boit un coup et quand les civils allaient écouter la musique régimentaire des militaires revenant des manœuvres aux Monts d’Éraines. Ce que connaissent les civils de la guerre passe donc par les journaux, les lettres, les affiches, qui sont biaisés.

Même si le livre progresse de façon chronologique, il fait également des focus sur des sujets spécifiques comme les femmes qui remplacent les hommes dans les usines, les enfants dans la guerre mais aussi de ce que c’est d’être un étranger, être austro-allemand par exemple, dans le Pays de Falaise pendant cette période.

Grâce à des habitants de Falaise, de Potigny, de Saint-Pierre-sur-Dives, j’ai pu obtenir des documents inédits. Quand j’aborde des grands moments de la guerre, je parle également de soldats et de familles du Pays de Falaise qui m’ont ouvert leur histoire. Ce sont des histoires de soldats étonnantes qui témoignent de ces passages.

 

 

 

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